Seito ou Deshi

Seito 生徒 : un terme général pour « élève »

  • A la maternelle le petit japonais est appelé Enji – 園児 .
  • A l’école élémentaire il devient Jidô – 児童
  • A partir du collège le jeune étudiant est un Gakusei – 学生.
  • Seito – 生徒 est un terme assez général pour celui qui apprend
  • Parmi les Seito, les plus persévérants deviendront peut-être des Deshi – 弟子

Le terme Seito se décompose en deux caractères. Le premier Sei – 生 représente « la vie, la naissance » , et dans ce contexte « en croissance/pas encore mature» . Le second kanji To – 徒 peut se traduire par « junior, vide, éphémère, futile ». C’est ce même kanji que l’on trouve dans Deshi qui peut se traduire par « jeune frère » , et aussi par « loyal envers les aînés ». Le kanji Shi – 子 peut se traduire par enfant.

Dans le cours d’une vie un Seito peut devenir Sensei. Le même kanji Sei – 生 « la vie, la naissance, la croissance » est précédé de Sen – 先 qui signifie « avant/précédemment » . Le Sensei – 先生est donc étymologiquement « celui qui est né, qui a grandi et appris avant » .

Le professeur universitaire suit ses meilleurs étudiants, les Deshi – 弟子. Ces derniers l’aideront dans ses recherches. Ils n’hésiteront pas à le désigner comme référence pour de futurs emplois. En français, la traduction qui se rapproche le plus pour Deshi est disciple. La connotation est devenue un peu sectaire, pourtant le mot « disciple » vient d’une racine latine qui signifie « apprendre ».

Deshi – 弟子 : un peu d’histoire


Durant la période d’Edo (1603 – 1868) le Deshi fait partie d’un système de statut hiérarchique qui régit les relations entre le maître, l’artisan et l’apprenti. Uchi – 内 signifie « à l’intérieur ». En général, à partir de l’âge de 10 ans environ, les Uchideshi vivent dans la maison du maître. Ils sont employés sans rémunération pour effectuer les tâches ménagères et divers travaux, tout en s’imprégnant des compétences du maître-artisan. Il arrive même que le Sensei ne corrige pratiquement jamais l’Uchideshi, il le laisse s’imprégner. Après un certain nombre d’années de formation, l’apprenti devient un artisan à part entière et se voit confier des outils et du matériel par le maître. Il devient indépendant, mais reste subordonné au maître en vertu de diverses restrictions, notamment en ce qui concerne l’apprentissage, la confidentialité technique et les restrictions liées à la clientèle.

Deshi désigne donc une connexion, un lien très fort entre le professeur et son apprenti. Dans les arts martiaux, on rencontre régulièrement des gens avec un grade relativement élevé incapables de dire le nom de leur professeur. On comprends le mot Deshi lorsqu’on regarde le lien que l’on peut avoir avec un Sensei. En devenant Deshi d’un Sensei, on s’aperçoit qu’il nous donne des corrections, des points à améliorer, mais qu’il établit aussi une relation privilégiée. Il enseigne toujours à deux niveaux, Seito ou Deshi

Dans le Dojō, le Deshi a la responsabilité de se montrer à la hauteur, de travailler très fort pour aller dans la voie que lui indique son maître.

À ce niveau, on ne parle plus de professeur, même de très haut niveau, mais on peut parler de maître. Il est parfois difficile d’être Deshi, car on ne nous met pas la connaissance tout-cuit dans le bec. Il faut faire un effort pour aller chercher l’information, on doit faire des recherches, des expérimentations, bref, on doit affronter la vie elle-même. Le terme Deshi demande également de la loyauté, de la fidélité. Non de façon fanatique, mais de manière humaine. Si on apprécie le maître qui donne la formation, que tout se passe dans le respect, le Deshi suivra le maître et le respectera toute sa vie. Le maître nous enseigne à prendre notre vie en main. Il nous donne de l’autonomie, il nous transmet une philosophie et une hygiène de vie qu’il a reçu lui-même lorsqu’il était Deshi. Cette transmission séculaire se fait depuis plus de 900 ans. Être Deshi est un privilège qu’il faut savoir apprécier. La vie de du Deshi est complètement dévouée à l’art pratiqué, au Dojo et au Sensei. Un Deshi est un disciple très sérieux et dévoué : il a un grand sens des responsabilités vis à vis du Dojo, un engagement déterminé dans les apprentissages et une relation sincère avec son Sensei. Les membres d’un Dojo ne sont pas tous des Deshi. C’est de l’attitude du pratiquant que dépend le statut de Deshi.


Qu’est-ce qu’un Sotodeshi – 外弟子 ?

Les Uchideshi sont des élèves très engagés dans l’apprentissage d’un art martial qui souhaitent faire partie de la vie du Sensei 先生 et ainsi apprendre de lui à chaque instant.Soto signifie « à l’extérieur ». Le Sotodeshi ne peut pas s’engager à temps plein, mais il s’immerge totalement dans la Voie . Être un étudiant Sotodeshi traditionnel signifie qu’il ou elle s’entraîne, travaille et apprend plus que des techniques d’arts martiaux auprès d’un véritable Sensei de Budo. Il comprend que cet engagement ne doit pas être pris à la légère. Il est très intensif et les difficultés seront encore plus grandes. L’entraînement et le Dojo sont la priorité absolue du Sotodeshi, même si cela peut sembler ennuyeux ou banal.

En résumé

  • Le statut de Deshi permet à un étudiant d’échanger les cours de pratique contre des services et un travail. Il effectue ainsi des travaux pour le Dojô 道場.
  • Le Deshi est respectueux des enseignements reçus
  • Il représente le professeur dans le Dojô
  • Il ne monopolise pas la place
  • Il ne fait pas un cours dans le cours
  • Il ne conforte pas les autre pratiquants dans leurs erreurs, ou leur ego
  • Les valeurs communes sont celles de progresser dans la sincérité et le respect de l’enseignant
  • Le Deshi suit la pédagogie de son Sensei et retransmet ce qu’il a reçu et compris aux autres pratiquants.
  • Lorsque l’on n’est pas d’accord avec l’enseignement, on est libre de quitter le Dojō. Chaque pratiquant est libre de quitter un enseignement.
  • Quand un élève se présente à la porte d’un Dojō et demande au Maître l’autorisation de rentrer, le professeur, comme dans tout art traditionnel, est libre d’accepter ou de refuser cet élève.

Les avantages du statut de Deshi ?

  • Rencontrer et apprendre de certains des meilleurs Sensei d’arts martiaux
  • Disposer d’un temps d’entraînement illimité et êtes encouragé à s’entraîner avec d’autres aussi souvent que possible
  • Les Deshi ont la priorité pour assister aux séminaires et aux événements spéciaux
  • Le fait d’être Deshi est un atout pour leurs références en tant que futur instructeur et professeur
  • Etre membre d’une famille, faire partie d’une lignée directe

Une question d’attitude

Dans la culture japonaise un Sensei ne dit jamais « mon Deshi » pour se référer à l’un de ses étudiants. Dire « c’est mon Deshi » est une manière de signifier « je suis un maître ».

L’humilité – 謙虚 est l’une des principales caractéristique de la culture japonaise. Il est naturel de faire les louanges des autres, mais pas de soi-même. Un Sensei japonais se considère comme un instructeur ou quelqu’un qui enseigne, mais jamais comme un maître. Ce sont nous, les étudiants, qui lui faisons référence en tant que maître.

« La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit »

Proverbe africain